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Risque-pays : l’impact économique des blocages d’Internet
Fin avril, l’ONG NetBlocks, fondée en 2017 pour surveiller la cybersécurité et la gouvernance d’Internet, a rapporté qu’ABA CANTV, le fournisseur d’accès Internet public vénézuélien, avait mis en place une stratégie pour limiter l’accès à certains sites et médias sociaux en vue de faire face aux troubles politiques continus observés dans le pays. Des limitations arbitraires tout à fait similaires ont également eu lieu récemment au Bénin et au Sri Lanka pour des raisons identiques. Selon une étude de la société Statista, le nombre de fermetures d’accès à l’Internet dans le monde par les gouvernements, quelle qu’en soit la motivation, est ainsi passé de 3 en 2011 à 188 en 2018 : une augmentation de plus de 6 000 % !
Un véritable enjeu pour le CA des entreprises
Ces limitations représentent donc désormais un risque sérieux pour le chiffre d’affaires des entreprises dans les pays qui adoptent de telles pratiques. C’est particulièrement vrai pour les sociétés qui opèrent principalement en ligne et dépendent par conséquent d’un accès permanent et constant à l’Internet.
En octobre 2016, la Brookings Institution avait publié une première étude révélant que les pannes d’Internet, peu importe leurs causes, pourraient coûter 2,4 milliards de dollars de PIB par an à l’échelle mondiale. Le rapport note par ailleurs qu’il s’agit d’un chiffre prudent car il ne tient pas compte des pertes fiscales ni de la baisse de la confiance des investisseurs, des entreprises partenaires et des consommateurs.
Les effets peuvent varier selon le niveau de développement
Le cabinet Deloitte s’est également penché sur la question en 2016. Selon Adam Jacobson, éditeur associé du Risk Management Monitor, qui a analysé en détail le rapport Deloitte, l’impact économique d’une fermeture temporaire d’accès à Internet s’accroît à mesure que le PIB et le niveau de connectivité augmentent. Sur la base de moyennes, cela signifie que pour les pays fortement connectés, un arrêt temporaire pourrait réduire de 1,9 % le PIB quotidien, soit environ 141 millions de dollars par jour. Les pays à connectivité moyenne perdraient environ 1 % (20 millions de dollars) du PIB quotidien alors les pays faiblement connectés en perdraient « seulement » 0,4 % (3 millions de dollars).
Enfin, le Center for Intellectual Property and Information Technology Law (CIPIT) de l’Université Strathmore basée à Nairobi (Kenya), a publié en octobre 2018 un rapport intitulé « Intentional Internet Disruptions in Africa ». Ce dernier montre que les fermetures d’accès à l’internet peuvent aussi avoir de graves répercussions sur les économies parallèles des pays, souvent non comptabilisées dans des études officielles. Selon le rapport, l’activité économique non déclarée dans 49 pays africains représentait en moyenne 37,65% de l’activité économique totale. Comme cette activité n’est pas prise en compte dans les études formelles antérieures, le CIPIT estime que l’ajout de l’effet sur ces économies parallèles aux chiffres officiels augmenterait de 20 à 30% le coût total des fermetures volontaires d’Internet décidées les autorités.
Un sujet à traiter en priorité pour certains acteurs
Il devient donc dorénavant recommandé, voir nécessaire, pour une entreprise, de réévaluer et prendre en compte ce phénomène dans la dimension risque-pays de leur analyse. L’objectif prioritaire : mettre en place des stratégies de contournement permettant de faire face au risque qui pèse sur l’activité dans ces territoires. Sont concernées en premier chef les entreprises, locales ou pas, dont les chaînes d’approvisionnement sont dépendantes de l’internet, et aussi celles qui cherchent à y investir dans le cadre de leur développement à l’étranger.
Lire aussi : Jérôme Bondu : « les entreprises doivent apprendre à maîtriser le risque informationnel sur Internet »
SOURCE
Risk Management Monitor : The Economic Costs of Government Internet Interruptions
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