L’industrie britannique du recyclage des plastiques fait l’objet d’une enquête pour fraude et corruption

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Abus et fraude généralisés dans l’industrie britannique du recyclage des plastiques

L’industrie britannique du recyclage des plastiques fait l’objet d’une enquête suite à une forte suspicion d’abus et de fraude généralisés. Parallèlement, selon le Guardian, le monde est sur le point de fermer la porte aux déchets d’emballages britanniques.

L’Agence de l’Environnement (EA) a donc mis sur pied une équipe d’enquêteurs, dont trois policiers à la retraite, pour tenter de traiter les plaintes selon lesquelles des criminels organisés et des entreprises abusent du système. Selon les données de l’agence, six exportateurs britanniques de déchets plastiques ont ainsi vu leur licence suspendue ou annulée au cours des trois derniers mois.

Un faisceau d’indices qui ne laisse aucun doute.

Les allégations sur lesquelles se fonde l’EA pour mener son enquête sont notamment les suivantes :

  • Les exportateurs prétendent traiter des dizaines de milliers de tonnes de déchets plastiques qui n’ont peut-être jamais existé.
  • Les déchets plastiques britanniques ne sont pas recyclés mais au contraire dispersés dans les rivières et les océans.
  • Des déchets plastiques britanniques sont acheminés illégalement vers l’Extrême-Orient via les Pays-Bas.
  • Des entreprises britanniques ayant commis des infractions répétées en matière d’expédition de déchets contaminés sont pourtant autorisées à poursuivre leur activité.

Les ménages et les entreprises du Royaume-Uni ont utilisé 11 millions de tonnes d’emballages l’année dernière, selon les chiffres du gouvernement. Les deux tiers des déchets d’emballages plastiques sont exportés par une industrie qui pesait plus de 50 millions de livres l’année dernière. Les « exportateurs de déchets » gagnent ainsi des millions en facturant aux détaillants et aux fabricants des « certificats de valorisation de déchets plastiques »  à un tarif qui varie autour de 60 £ la tonne.

Les entreprises achètent en effet ces certificats – les « Perns » pour donner des gages au gouvernement. Ils montrent ainsi qu’ils contribuent au recyclage des déchets d’emballage en plastique. Mais le système – sévèrement critiqué comme vulnérable à la fraude et aux abus par la Cour des Comptes l’été dernier  – repose sur des exportateurs qui déclarent eux-mêmes les quantités d’emballages transportés, sans guère de contrôles…

Des écarts conséquents dans les flux d’exportation

Le Guardian croit ainsi savoir que des informations transmises à l’EA montrent d’énormes écarts entre la quantité d’exportations d’emballages enregistrée par les douanes de Sa Majesté, et la quantité que les exportateurs britanniques prétendent avoir expédiée.
Les données, analysées révèlent ainsi que les entreprises exportatrices britanniques affirment avoir expédié à l’étranger 35 135 tonnes de plastique de plus que ce que les douanes britanniques ont enregistré à la sortie du pays.
Une source proche de l’enquête le confirme aussi : « Au cours des derniers mois, les chiffres des douanes sur les déchets plastiques sont inférieurs à ceux donnés à l’Agence de l’environnement par les exportateurs.

Cela laisse penser que de nombreux acteurs du marché, des historiques comme de nouveaux entrants attirés par l’appât du gain, traitent d’importantes quantités de déchets « prétendument plastiques »  afin d’obtenir une rémunération au cours du Pern.

La question est de savoir si les dispositifs de contrôle visant à faire respecter la loi est sont suffisamment présents et stricts pour détecter les fraudes. Au moins 100 conteneurs de déchets plastiques par jour sont expédiés des ports de Felixstowe et Southampton vers l’Europe et l’Extrême-Orient. Selon des personnes proches du dossier, les équipes de l’EA n’ont jamais visité aucun des pays ou sites où les déchets plastiques britanniques sont exportés pour être recyclés.

Jacob Hayler, directeur exécutif de l’Environmental Services Association (ESA), est l’une des nombreuses personnes qui ont soulevé la question de l’écart entre les chiffres de l’EA et ceux des douanes. « Nous l’avons signalé et ils en sont conscients » dit-il. « L’agence et d’autre structures examinent comment améliorer cela… Mais le crime organisé et les gangs exploitent désormais le système et cela risque de se poursuivre ».

Cette enquête en cours sur la corruption dans l’industrie des plastiques intervient alors que le Royaume-Uni cherche de nouveaux débouchés internationaux pour ses déchets plastiques.

La Turquie et les Pays-Bas dans le viseur

En janvier, la Chine a cessé d’accepter les déchets plastiques britanniques et les exportations se sont déplacées vers la Malaisie, le Vietnam et la Pologne. Mais la Malaisie et le Vietnam ont ensuite imposé des interdictions temporaires sur les importations, et la Pologne envisage désormais d’imposer des restrictions, preuve que les pays se montrent de plus en plus méfiants face aux preuves de taux de contamination élevés.

Les chiffres le montrent également : les exportations britanniques vers la Turquie et les Pays-Bas explosent. Mais plusieurs personnes proches du dossier ont déclaré au Guardian que le marché de l’exportation – sur lequel le Royaume-Uni compte pour atteindre l’objectif de retraiter plus de 50% de ses déchets plastiques d’ici 2020 – pourrait s’effondrer en quelques semaines.

Phil Conran, directeur de 360 Environmental et président du comité consultatif du gouvernement sur l’emballage, déclare : « Tous ces marchés ferment effectivement leurs porte aux matériaux de mauvaise qualité, et ils sont de plus en plus contingentés et stricts concernant les matériaux aux normes. Pour l’instant, les collectes de déchets se poursuivent, avec des destinations où les transporter …  Mais tout porte à croire que nous avons atteint un point de basculement et que nous luttons simplement pour trouver péniblement un point de chute pour les volumes collectés aujourd’hui. »

Les nouveaux récepteurs identifiés suscitent ainsi encore davantage encore de craintes au sein du système. Selon les déclarations des entreprises, le Royaume-Uni a exporté 27 034 tonnes de déchets plastiques en Turquie au cours des 3 premiers mois de cette année, contre 12 022 tonnes au cours des 3 premiers mois de 2017. Et les exportations néerlandaises vers la Turquie explosent aussi.
Selon certaines allégations, les entreprises exportatrices utilisent les Pays-Bas pour blanchir efficacement les déchets plastiques en exploitant des contrôles moins stricts sur les expéditions vers l’Europe. Puis elles les expédient illégalement dans d’autres pays d’Extrême-Orient, où elles auraient du mal à obtenir une autorisation dans le cadre du système britannique de licences.

Addie van der Spapen, de la société néerlandaise de recyclage Kunststof Recycling, a déclaré à ce propos que le pays n’avait certainement pas la capacité de retraiter des quantités accrues de déchets plastiques du Royaume-Uni. « Tout ne sera pas recyclé. L’Europe est en train d’être submergée par le matériel en provenance d’Angleterre, ils inondent l’Europe de leur plastique » ajoute-t-il.
Le marché croissant en Turquie fait également craindre que davantage de déchets plastiques britanniques n’achèvent leur parcours dans les océans. Une source anonyme complète : « Le problème de la Turquie est plutôt de savoir si les matériaux sont stockés pour être recyclés plus tard, ou s’ils ne seront pas purement et simplement brûlés. »

L’Agence de l’Environnement également dans le collimateur

Une enquête de la Cour des comptes nationale menée plus tôt cette année a critiqué le manque de rigueur de l’EA et du gouvernement : « L’incitation financière pour les entreprises qui prétendent frauduleusement avoir recyclé des emballages en plastique est plus élevée que pour tout autre matériau… Il y a donc un risque qu’une partie de ces déchets ne soit pas recyclée selon des normes équivalentes à celles du Royaume-Uni, mais plutôt mise en décharge contribuant ainsi à la pollution ».

Marie Fallon, de l’Agence de l’environnement, a confirmé aux parlementaires la mise en place d’une équipe centrale d’enquête dirigée par les services de renseignement pour lutter contre la corruption et la fraude dans le système d’exportation. Elle a reconnu que l’agence aurait pu faire mieux au fil des ans pour lutter contre les abus.
En 2016-2017, le personnel a effectué moins de 40% des 346 contrôle de terrain qui étaient prévus en entreprise. 5 entreprises exportatrices classées en rouge pour le risque sont toujours en activité, et 33 entreprises considérées comme présentant un risque moyen restent accréditées pour exporter des déchets.

Lire aussi : PETROFAC : une réputation abîmée et des coûts potentiellement exorbitants

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