L’éthique et la conformité sont aujourd’hui au cœur des défis des entreprises, peu importe leur taille ou leur secteur d’activité, en France comme à l’international. Elles sont toutes soumises à de multiples contraintes réglementaires qui ne cessent de se développer face aux attentes en matière d’éthique et de transparence : lutte anti-blanchiment, lutte anti-corruption, traitement des données à caractère personnel, délits d’initiés, lois antitrust et RSE pour ne citer que les plus emblématiques.
Dans ce cadre, force est de constater qu’à ce jour, ces obligations de conformité sont le plus souvent perçues dans les organisations comme purement contraignantes, répressives et souvent bureaucratiques.
Pourtant elles pourraient aussi s’inscrire dans une dynamique de progrès et de confiance, et susciter l’adhésion des dirigeants et l’appropriation des collaborateurs. Elles pourraient également permettre aux entreprises de conquérir plus sereinement leurs marchés, participer à l’amélioration de leur réputation ou encore influer sur le choix des clients en faveur de leurs services et produits.
La conformité, au-delà de sa valeur intrinsèquement éthique, se révèle donc être un atout incontournable en matière de compétitivité. Elle peut générer de la valeur pour une entreprise de plusieurs façons.
En effet, la conformité évite à l’entreprise d’encourir des sanctions significatives sur tous les terrains : peines de prison pour les dirigeants (5 ans d’emprisonnement en moyenne sur 2018), dommages et intérêts, amendes pénales et honoraires d’avocats, pertes de parts de marché, dégradation du cours de bourse, départ d’employé à fort potentiel ou encore désorganisation durable de l’entreprise.
Il est aisé de démontrer à ce stade les gains de compétitivité en soulignant les coûts évités.
Néanmoins, c’est principalement en protégeant, voire en contribuant à l’amélioration de la réputation de l’entreprise que la fonction Ethique & Compliance devient un outil de compétitivité. La préservation d’une image positive auprès du grand public, est un facteur de confiance pour les clients et les partenaires (fournisseurs, distributeurs, tiers, etc) tout en étant un gage de bon fonctionnement et de bonne gouvernance pour les actionnaires.
Aujourd’hui, être associé aux valeurs d’honnêteté, d’éthique, d’intégrité ou encore de responsabilité devient même un argument de vente. Cela doit permettre à l’entreprise de gagner plus facilement des contrats ou de susciter la préférence chez ses clients.
La dimension « éthique » devient également un argument dans le domaine des ressources humaines. Elle permet de renforcer le sentiment d’appartenance et de fierté des salariés, mais aussi de recruter ou de conserver les talents.
Pour Olivier Chaduteau, fondateur et CEO de Day One Partners, la marque employeur est aujourd’hui primordiale pour une génération Y « en quête de sens ». « Les jeunes diplômés, informés constamment des activités des entreprises par les réseaux sociaux, sont moins enclins à postuler ou à rester dans une entreprise à la réputation ternie par différents scandales. Dans un article de la prestigieuse Harvard Business Review, son auteur, Wade Burgess, assure qu’une mauvaise réputation coûte 10% plus cher à l’entreprise pour chaque nouveau recrutement. »
Enfin, la conformité est appréciée et valorisée par les agences de notation, qui permettent à l’entreprise d’emprunter, de se financer et de développer son activité sur ses marchés de prédilection. Elle constitue aussi un avantage concurrentiel et différenciant significatif car les partenaires avec lesquels « l’entreprise conforme » fait des affaires sont sélectionnés sur la seule base de leur performance.
Les entreprises qui ne se conforment pas à un certain nombre d’éléments risquent donc de ne plus avoir accès aux appels d’offres. Et par effet boule de neige, les clients, les fournisseurs, les partenaires et autres parties prenantes refuseront à leur tour de continuer de travailler avec si elles ne sont pas en mesure de démontrer, au-delà d’une fonction, une réelle culture éthique et compliance.
Les actions de croissance externe, comme les acquisitions, la création de joint-ventures, les alliances, ne seront plus possibles si la démarche éthique et conformité n’est pas réelle et intégrée à tous les étages de l’entreprise.
En conclusion, il va devenir de plus en plus difficile de faire du business aujourd’hui sans avoir une culture éthique forte et une vision de la conformité digne de ce nom. Il est temps de changer radicalement d’approche et de considérer la conformité comme à la fois un outil de compétitivité pour pénétrer des nouveaux marchés et aussi un moyen de sceller un nouveau pacte social avec les collaborateurs de l’entreprise. Ce faisant, on apportera une réponse pertinente à la crise de sens.
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