Risques pays

Les Australiens veulent une autorité anticorruption pour contrôler plus efficacement le secteur public

Une large partie de l’opinion publique australienne soutient l’initiative anticorruption des anciens juges

Selon Reuters, un certain nombre d’anciens juges australiens ont récemment envoyé une lettre ouverte au Premier ministre Scott Morrison, appelant à la création d’un organisme national anticorruption.

Ils estiment que cela contribuerait à rétablir la confiance dans la dimension démocratique du pays, alors que l’opinion publique soupçonne des faits de corruption derrière certaines actions du gouvernement.
Les juges considèrent en effet que certains organismes fédéraux manquent d’intégrité. Cette perception partagée par le public affaiblit la confiance dans le système et contribue à dégrader l’effet des décisions gouvernementales.

Les juges cherchent d’abord ici à obtenir la création de ce qu’ils décrivent comme une sorte de « commission nationale pour l’intégrité », afin de restaurer la confiance dans la démocratie australienne. Ils estiment que les structures actuellement en place pour contrôler l’intégrité gouvernementale, n’ont pas les pouvoirs ni les ressources nécessaires pour mener à bien une enquête approfondie sur l’impartialité et le fondement de certaines décisions.

En juin 2018, une enquête réalisée par Transparency International Australie (TI-A) a révélé que 85% des Australiens soupçonnaient certains membres du Parlement National d’être corrompus. Dans le même temps, les deux tiers des Australiens soutenaient la création d’un organisme national anticorruption à l’image de celui proposé par les anciens juges.
A titre d’exemple, TI-A cite aussi le cas d’un ministre du Travail de l’Etat de Nouvelle-Galles-du-Sud, emprisonné l’année dernière pour « faute délibérée » dans l’exercice de fonctions publiques, après avoir fait don d’un permis minier sans appel d’offres.
Des interrogations sont également apparues au sujet de hauts fonctionnaires. Ils avaient obtenu des postes lucratifs de consultants ou de membres de conseils d’administration auprès d’entreprises ayant ensuite remporté des contrats de leurs ministères précédents.

De facto, il ne fait aucun doute que tous les gouvernements démocratiquement élus devraient mettre en place une autorité anticorruption car les contribuables sont en droit d’exiger que l’utilisation de l’argent public soit strictement contrôlé.
Il est intéressant de noter que les processus d’appel d’offres pour les marchés publics entrent également dans le spectre. La plupart des pays et des organisations commerciales ont mis en place de tels dispositifs. Ils ont pour but d’assurer le meilleur rapport qualité-prix pour les achats de prestations par le secteur public. Ils permettent de disqualifier les entreprises ayant un lien établi avec l’organisme public concerné, à moins que leur relation ne soit déclarée à l’avance.

Dans ce cadre, Il est impératif que les règles en vigueur soient strictement respectées, car la moindre dérogation pourrait rapidement dégénérer en fait de corruption. C’est l’une des raisons pour lesquelles la création d’un organisme national de lutte contre la corruption comme celui réclamé par les juges australiens serait un pas important pour regagner la confiance de l’opinion.
Le rôle d’une telle organisation est de mettre sous pression ceux qui pourraient être tentés par les malversations. Elle ne devra donc pas être jugée simplement en fonction de ses résultats comme le nombre de poursuites intentées. Son effet dissuasif sera capital.

En conclusion, si l’Australie décide d’emprunter cette voie, elle devra s’assurer que l’organisme anticorruption qui sera créé ait les outils et les pouvoirs nécessaires pour mener à bien ses missions en toute autonomie.

Lire aussi : L’Argentine veut s’aligner sur les conventions internationales de lutte anticorruption

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Franck Métay

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