Compte tenu de la recrudescence spectaculaire des poursuites judiciaires pour faits de corruption sur la scène internationale, on peut se demander si les multinationales en font aujourd’hui assez pour répondre aux dernières exigences sur les plans éthique et conformité. La question hante désormais les PDG et les membres des conseils d’administration du monde entier.
Selon George « Ren » McEachern, ancien chef intérimaire du département de lutte contre la corruption internationale du FBI, ce n’est plus seulement le département de la Justice des États-Unis ou le département anticorruption du FBI qui, en vertu de la loi Foreign Corruption Practices Act (FCPA), intensifient leurs enquêtes anticorruption. Au cours des dernières années, le paysage international sur le plan arsenal législatif a aussi profondément changé : sous l’effet cumulé des scandales internationaux comme les Panama Papers (2015) et du montant considérable des sanctions infligées aux entreprises grâce à la collaboration transfrontalière de plusieurs juridictions. Les pays du monde entier commencent à percevoir la manne financière que peuvent représenter les dirigeants et entreprises poursuivis pour soupçon de corruption.
Il cite par exemple les échanges de renseignements entre les États-Unis et le Royaume-Uni sur ce sujet, qui ont atteint des niveaux jamais observés auparavant. Il rappelle aussi que grâce à des organisations spécialisées comme l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), certains pays où la corruption reste endémique ont soudainement adopté des lois anticorruption et habilité des procureurs pour les appliquer.
Faire des affaires à l’international n’a ainsi jamais été autant encadré et surveillé par les autorités, c’est-à-dire plus sécurisé certes, mais aussi contraignant et « dangereux » judiciairement pour les dirigeants d’entreprise, les membres de leur conseil d’administration, leurs partenaires commerciaux et leurs conseils. Ils se doivent d’être irréprochables.
En conclusion, insiste McEachern, lorsqu’une entreprise décide d’établir une présence, de lancer un nouveau produit ou encore d’augmenter significativement sa part de marché sur un segment d’activité à haut risque, elle doit impérativement évaluer ses risques et la vulnérabilité de son organisation avant de passer à l’action.
Une partie importante de cette évaluation concerne l’ensemble des co-contractants identifiés comme parties prenantes du projet en vue de limiter au maximum les risques encourus. En d’autres termes, une investigation, plus ou moins poussée en fonction des enjeux stratégiques, doit être réalisée sur tous les intervenants dans l’affaire : les consultants potentiels, les partenaires (fournisseurs, intermédiaires, distributeurs, clients, …) et leurs interactions possibles avec les représentants du ou des gouvernements des pays cibles.
Si les résultats ne sont pas irréprochables ou soulèvent des incertitudes, cela pourrait causer des problèmes majeurs pour l’entreprise à l’avenir, en termes de sanctions judiciaires et de réputation par exemple. Il faut alors prendre les mesures adaptées pour maîtriser au mieux les risques. Si au contraire tous les indicateurs sont au vert, on assistera à un réel phénomène d’accélération de l’opération, un véritable facteur supplémentaire de compétitivité.
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Forbes.com : Mitigating Corruption Risk: The Multinational Toothache That Won’t Go Away
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