S’exprimant lors du récent séminaire « Business Against Corruption » fin juin à Johannesburg, Petrus Marais, directeur de FTI Consulting South Africa, a insisté sur le fait qu’il était essentiel de créer un environnement qui encourage et protège les lanceurs d’alerte pour lutter contre le fléau croissant de la corruption en Afrique du Sud.
Compte tenu de l’explosion du nombre de cas détectés au cours des dernières années, la corruption figure désormais parmi les sujets de préoccupation majeurs dans le pays. L’année dernière, le cabinet d’experts-comptables et de conseil PwC a même publié un rapport qui plaçait l’Afrique du Sud en tête de liste en matière de criminalité économique dans le monde.
Les chiffres semblent refléter indiscutablement cette triste réalité. En effet, un certain nombre de grandes entreprises des secteurs de l’énergie, de l’aviation, de la vente au détail et du conseil ont toutes été impliquées dans des scandales de natures diverses au cours des dernières années, causant de graves dommages aux entreprises indépendantes et à l’économie dans son ensemble.
Le scandale Gupta en est un exemple flagrant, qui a impliqué d’importantes sociétés de conseil ainsi que des hauts fonctionnaires du gouvernement, jusqu’à l’ancien président Jacob Zuma lui-même. L’effondrement de Steinhoff International et les différentes « affaires » liées au SARS (South African Revenue Service, l’équivalent de la Direction Générale des Impôts) sont d’autres exemples d’incidents significatifs survenus ces dernières années.
Au fur et à mesure que la poussière se dissipe, un certain nombre d’entreprises en vue du pays cherchent désormais à redorer leur image afin d’atténuer, voire d’inverser, les atteintes à leur réputation causées par ces scandales à répétition. Petrus Marais a ainsi appelé à un changement de cap pour s’attaquer au problème de la corruption endémique en Afrique du Sud.
Néanmoins, il est rare que les parties prenantes actives dans une affaire de corruption aient une révélation subite et définitive qui les conduise à se dénoncer et interrompre leurs pratiques illégales. Cela signifie qu’il faut plutôt chercher des alertes et indices auprès d’observateurs périphériques qu’auprès des participants directs, et reconstituer des preuves circonstanciées sur la base de ces informations.
Les institutions et les organisations se doivent donc de créer un environnement aussi sûr que possible pour ceux qui ont le courage de le signaler quand ils voient ou soupçonnent quelque chose d’illégal. Il s’agit simplement ici de mettre en place un dispositif de protection extrêmement efficace pour mettre les lanceurs d’alerte à l’abri.
« Je plaide pour que les organisations parviennent à un point où il est plus facile pour les témoins de s’exprimer et donc de déclencher une réaction quasi-immédiate face à la corruption » dit-il. « Il est déjà possible parfois de réunir un ensemble d’éléments à charge permettant de constituer un dossier suffisant pour soutenir une action en justice. Mais l’étape suivante, celle qui consiste à saisir le tribunal pour obtenir une enquête officielle et aboutir à un procès demeure un immense défi. Bien sûr, il faudra donc accompagner cela d’un système de justice pénale réactif et efficace » a ensuite conclu M. Marais.
A cet égard, les réformes sur la protection des lanceurs d’alerte et les procédures judiciaires dans les affaires de corruption seront donc cruciales pour changer le scénario catastrophe qui menace l’Afrique du Sud.
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